la « Négrine » des dirigeants Africains !
Il y a quelques années de cela, un de mes amis nigérian m’a dit au cours d’un échange d’idées que « Africa is a fanny place ».
Armée de mes armes d’afro optimiste, je l’ai fait ravaler sa phrase avec tous les arguments que j’avais à ma possession. Aujourd’hui, je réalise amèrement qu’il avait raison car on pourrait s’abstenir d’aller au théâtre en suivant l’actualité de certains pays africains puis ce que ces pays sont en eux même des scènes de théâtre ; les dirigeants sont les acteurs principaux et le peuple joue les rôles secondaires.
Si aujourd’hui j’ôte ma casquette d’afro optimiste, c’est parce que j’en ai marre de presque que tout ce qui se passe sur mon continent.
On me dira que chaque société passe par une période de turbulence avant d’atteindre la stabilité. On m’a même fait cas des révolutions sociales qu’ont connues les autres continents pour justifier la situation de mon cher continent. Je réponds ici par cette citation qui dit que : « comparaison n’est pas raison » car fort heureusement nous avons la chance de nous inspirer de l’expérience des autres pour éviter d’y passer. Mais hélas trop d’embuches parsèment les voies du développement africain. Le problème est plus complexe qu’on ne l’imagine. Mais cela ne nous empêche pas de penser la question de cette complexité qui nous pourrit la vie de jour en jour.
En 2010, la plus part des pays africains notamment les francophones, ont célébré avec faste le cinquantenaire de leur accession à l’indépendance. On a assisté, grâce aux média, au traditionnel défilés, au cours desquels chaque pays a brandi son drapeau et a chanté l’hymne nationale devant des « démo créatures » égotique qui pensent rendre service à leur peuple en les vendant même avant leur naissance, en les assommant et en les tuant au nom de leurs intérêts égoïstes de se maintenir au pouvoir à vie… La seule chose que je cherchais à savoir sur ces différents pays c’était leur bilan de cinquante années de dépendance pardon, je voulais dire d’indépendance. Mais hélas, je n’ai rien trouvé. Le bilan que je cherche n’est pas celui de l’inventaire de l’évolution des villes où on a l’illusion des voitures cylindrées et des immeubles qui poussent de partout mais qui ne respectent pas les normes de construction. Ce n’est pas non plus la construction des quelques hôpitaux et centres médicaux avec antenne chirurgicale qui d’ailleurs n’arrivent pas à assurer la couverture médicale dont nous avons besoin. Je voudrais aller au délà de cette façade qu’on présente aux visiteurs. Allons-y en profondeur. Nos villages qui concentrent la majorité des populations traduisent le mal être de ce continent. En fait je suis allée un peu trop loin en faisant cas des villages. Le Burkina Faso est un pays que je connais le mieux, ce qui fait que je le citerai en exemple dans ce cas-ci. Une visite dans les zones périphériques de la capitale Ouagadougou donne un aperçu de la souffrance des populations. En m’inspirant de la pensée du professeur Joseph Ki ZERBO : « On ne développe pas un pays, un pays se développe » je me suis buttée à une question à laquelle j’attends une réponse combien d’africains arrivent à se développer avec le système de gouvernance et de démocratie mis en place ou encore contraint à être mis en place qui, au finish, n’est pas respecté ?
Le comportement auto destructeur des dirigeants africains
Le mal est plus profond qu’on ne l’imagine. Selon moi, sa source se trouve dans le mental. Peut-on être mentalement et physiquement opérationnel quand on nous sert quotidiennement de repas constitués d’images mentales dévalorisantes au sujet de notre façon d’être et nos pays ? Ou, peut-on prétendre à une souveraineté, si on a la corde des institutions de Bretton woods au cou ? Ou encore peut-on espérer un développement collectif si c’est la politique du ventre et du bas ventre qui sont les sports les mieux pratiqués par la classe dirigeante de notre cher continent ? …C’est l’association de comportements atypiques, d’attitudes et de manque de vision pour notre continent constituant ainsi une force négative que j’appelle la « Négrine ».
la « Négrine »ou comportement auto destructeur est l’attitude la plus rependue et la mieux partagée chez nos dirigeants, voire l’intelligentsia africaine. Je n’oublie pas les quelques rares exceptions qui ont réussies à se placer au dessus de la mêlée. C’est d’ailleurs cette exception qui confirme la règle.
Le domaine de prédilection de la « Négrine » est le changement de constitution, le hold up électoral, le bâillonnement de la presse, la confiscation des libertés et des droits fondamentaux. ..
Selon l’économiste sénégalais, Sanou Mbaye « Les fondations et la quintessence d’une nation se reflètent dans sa Constitution. Elle donne à un pays son caractère, le mode de fonctionnement de ses institutions, les aspirations, les références et les systèmes de valeurs de sa population. ». En lisant cette citation de Sanou Mbaye, je parie que vous comprenez l’instabilité de nos pays. Car combien de fois on a écorché la constitution de nos pays à des fins égoïstes ? La bonne nouvelle à ce sujet est que la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest( CEDEAO) a mis un garde fou aux intentions et tentatives de changement constitutionnel en adoptant un protocole de convergence constitutionnelle interdisant ainsi à son article 2, tout changement anticonstitutionnel et de tout mode non démocratique d’accession ou de maintien au pouvoir. C’est grâce à ce protocole que le Niger a échappé au changement de constitution qu’avait entrepris Le Président Tandja en 2010. Tout en espérant que ce même protocole va sauver le Burkina Faso de la menace de changement qui plane sur sa constitution, je salue son adoption.
Si constitutionnellement nous boitons, il n’en sera pas moins des élections. Je pense que les élections ne sont pas nécessaires en Afrique car, il est rare de voir un président sortant perdre une élection à moins ce que celui-ci ne veille plus du pouvoir. Si non, il reste autant qu’il veut. En réalité nous assistons la plus part du temps à des hold up électoraux sous leurs formes les plus souples et les plus voilée. L’exemple de la Côte d’Ivoire n’est qu’un aspect brutal et mal entrepris de la chose. Car en Afrique, on copie tout sans discernement: les bons et les mauvais exemples.
Tout ceci n’est que la résultante d’une confusion générale et d’une perte de repères.
Confusion générale parce que nous vivons dans des sociétés acculturées. Nous n’avons plus de repère ce qui fait qu’on ne sait plus à quel saint se vouer: le Dieu des ancêtres ou le Dieu de l’occident ou encore le Dieu de la démocratie, du capitalisme et du libéralisme. Nous ne le savons plus. A ce sujet, je citerai un villageois qui m’a une fois dit que : « C’est vous qui êtes allés à l’école qui nous créez des problèmes ».
En définitive, je dirai que nous sommes tous responsables de ce qui nous arrive car nous méritons les dirigeants que nous avons. Cependant, rien n’est perdu et tout est à obtenir à l’arraché si nous décidons de changer et de faire changer nos destins. Nous le pouvons. Le Maghreb est en train de nous enseigner.